Vélo-city, notre voyage à Nantes

Juin 15, 2015

Du 2 au 5 juin, Nantes, deux ans après avoir été élue capitale verte européenne, a accueilli quatre jours durant le Congrès mondial du vélo urbain et des politiques cyclables, Vélo-City. Vélogik était l’un des 18 ambassadeurs de cet événement((Vélogik est ambassadeur de Vélo-city Nantes 2015, Vélogik.com, 22 avril 2015 http://bo9umadxel.preview.infomaniak.website/coups-de-coeur/velogik-est-ambassadeur-de-velocity-nantes-2015/)). 1550 passionnés (experts, chercheurs, urbanistes, industriels, collectivités, associations d’usagers, journalistes spécialisés) ont débattus à rayons rompus des manières dont le vélo pourrait être « créateur de futur ». La conclusion se résumerait dans la conviction qu’il l’est déjà !

Vincent Monatte méditant au-dessus du salon des exposants à La Cité

Quatre personnes de l’équipe étaient présentes, hyper-enthousiastes de passer quatre jours au milieu de toutes ces personnalités dont la principale préoccupation est de penser au vélo, mais aussi de revoir la Bretagne (quoiqu’en disent certaines mauvaises langues, qui nient cette réalité historique).Si vous n’étiez pas là, voici ce qu’il ressorti de cet événement qui, à n’en pas douter, fera date dans le long combat pour réhabiliter la place du vélo en France. La délégation spéciale de Vélogik vous livre son point de vue sous forme d’inventaire à la Prévert mâtiné d’évaluation binaire à la Georges Perec. Rudimentaire, mais toujours efficace pour aller à l’essentiel.

CE QUI NOUS A PLU…

-Nantes, où, contrairement à la chanson, il ne pleuvait pas (et où ça ne brûlait pas encore) ;
– la prise de parole des représentants de certaines grandes métropoles françaises, qui ont décidé de lancer récemment des politiques vélo courageuses (pour la France), comme Paris et Strabourg, outre la ville organisatrice ;
– la multitude de prestataires techniques ou gestionnaires de vélos en libre-service ;
– les formes de mécénat de parcs de vélos d’entreprise à l’étranger, absentes ou presque en France ;
– le succès de la vélogistique nantaise : Les Boîtes à vélo, le collectif d’entraide formé par 22 entreprises nantaises travaillant en biporteurs ou triporteurs équipés de caisses ou de remorques, montre la diversité possible des services proposés à vélo et leur rôle important dans la résolution du « dernier kilomètre » de livraison. Ces entrepreneurs prouvent qu’il est possible de conjuguer engagement écologique et praticité professionnelle du « mode vélo ». L’évolution de cette initiative a priori unique en Europe est à suivre ! ;

Un Italien en pleine présentation du challenge européen de la mobilité

– Cela va sans dire mais mieux en le disant : la qualité des rencontres avec des personnes d’un peu partout dans le monde (Coréens, Chinois, Norvégiens) donne l’opportunité d’évaluer nos connaissances, de partager les meilleures pratiques et innovations. Il faut à partir de là retirer des enseignements de toutes ces nouveautés et s’en inspirer pour les utiliser auprès de nos clients. Bémol : les Australiens ont un accent difficile à comprendre, mais d’après ceux qui comprennent bien l’anglais, restent parmi les plus inspiring… Cette plaisanterie nous donne l’occasion de remercier l’excellent et complexe travail de traduction ! ;
– Pour parler quantitativement, l’idée qu’il y ait au moins plus de 1500 personnes dans le monde qui s’intéressent à tous les aspects vélo n’est évidemment pas étrangère à ce sentiment de satisfaction général. Oui, quelquefois, on vient à en douter qu’il y en ait autant… ;
– et le comble : discuter avec les gens que nous n’avons plus le temps de voir à Lyon ! Hormis l’absence notable des élus, il était possible d’organiser sur place un sous-congrès des Lyonnais pour le vélo ;
– le suivi des commentaires et propos rapportés sur les réseaux sociaux de Vélogik, qui essayaient au mieux de retranscrire nos valeurs. Une cinquantaine de personnes se sont abonnés à notre compte Twitter à l’occasion du Congrès, certains de nos messages ont été diffusés sur l’écran de scène lors des plénières. Merci de votre intérêt et de votre fidélité ! ;
– La vélo-parade du 3 juin, impressionnant rassemblement de toutes les nationalités et de tous les âges, dont une multitude de petits Nantais : comment ne pas espérer voir grandir nos enfants dans des villes métamorphosées par rapport à celles que l’on a connues à leur âge ? Le vélo n’est plus une tendance, mais un mode de transport à part entière.

– les fromages des Pays de la Loire, les montagnes d’huîtres (pour ceux qui en mangent) et la zone à trafic limité du centre, que les cyclistes dévorent ;

– les propos éclairés d’Etienne L., de Nantes, qui en connaît un rayon, comme on dit ; l’engagement en faveur du vélo de Christophe Najdovski, adjoint à la maire de Paris en charge des transports et de l’espace public, et de Johanna Rolland, maire de Nantes ; l’effet euphorisant de l’économiste de l’OCDE Philippe Crist ; le sympathique Martijn Te Lintelo, coordinateur vélo venus présenter d’incroyables pistes en élévation (encore des infrastructures !); le réquisitoire en règle d’Olivier Razemon contre la pollution et la dévitalisation des villes petites et moyennes à la plénière de fermeture ;
last but not least,  le bagad de Lann-Bihoué.

Un moment fort : le grand oral de Gwendal Caraboeuf

CE QUI NOUS A DÉÇU…

– l’absence de représentants de « haut niveau » (des noms, des noms !), à part Alain Vidalies, secrétaire d’Etat aux transports – au discours un peu déconcertant -, et la faible implication des collectivités, en particulier des villes intermédiaires, voire de certaines métropoles ;
– que des étrangers (Danois et Néerlandais en tête) et néanmoins amis nous rappellent aimablement que les objectifs les plus ambitieux des villes françaises en matière de part modale d’ici 2020 culminent à 20%. Alors qu’Amsterdam est déjà à plus de 40%, Copenhague à 55, Bâle à 25, et Tokyo atteint les 20. Vous avez dit retard français ?
– Vélo-city semble confirmer que l’on continue à penser que la cyclabilité de notre époque et de nos villes se mesure à l’aune des infrastructures et s’avère surtout (pour ne pas dire seulement) une question technique. A Lyon, le nombre de cyclistes a considérablement augmenté ces dix dernières années, certes moins que dans beaucoup de métropoles, mais aussi plus que dans d’autres. Et cela, malgré des aménagements souvent déficients, voire inexistants. Les aménagements sont sans doute parfois nécessaires mais, comme aime à le répéter l’économiste des transports Frédéric Héran, le vélo a tout à fait sa place dans le trafic de la chaussée, si celui-ci est ralenti, apaisé, bref s’articule au rythme de la pédale. Trop parler d’aménagements tue les aménagements. Comment débattre autour du vélo en évoquant aussi peu la modération de la circulation (qui est aussi l’objectif de certaines infrastructures, mais pas toutes !), les services vélo, les innovations en matière de communication en faveur des modes actifs, la multitude de formations à l’école, dans l’entreprise et les administrations, les bénéfices en matière de santé et d’emplois ? Autant de thématiques sacrifiées pour le cause infra, de plus en plus favorisée par rapport aux services, pourtant nécessaires ! ;

Présentation des différents véhicules en usage lors de la visite du centre technique de La Poste de Nantes

– Pour continuer sur cette idée, les conférences souffraient en général d’un certain manque « d’humanité » : trop d’économistes, d’urbanistes, d’exploitants, de techniciens ; mais peu de sociologues, ethnologues ou neurologues qui pourtant apportent une autre vision et des données complémentaires, moins connues mais tout aussi essentielles pour appréhender le vélo, ses représentations, les changements dans la relation entre les hommes et leurs déplacements. Mais nous avons peut-être « involontairement » choisi trop de sessions « techniques » ;
– Si l’on veut enfin apporter une nuance au vélocentrisme ambiant et une preuve d’ouverture du débat (concept vague mais apprécié par les médias), pourquoi ne pas inviter aussi des opposants et autres réfractaires au développement cycliste, susceptibles de soulever des problèmes de politiques publiques ? Et même, en étant un peu masochiste, Pierre Chasseray de 40 millions d’automobilistes ou le désormais célèbre provocateur et journaliste d’investigation Jean-Luc Moreau, qui serait peut-être venu en Peugeot 308 BlueHDi ?
– Le Pibal, vélo de location de la ville de Bordeaux, était bien présent sur le stand de la métropole, mais pas le plus célèbre destrier de la bicyclette designée par Philippe Starck. Alain Juppé, qui n’est pas seulement ambassadeur des vins de Bordeaux mais aussi celui de la quatrième meilleure ville cyclable au monde selon le classement Copenhagenize de l’an dernier, nous a manqué. Résultat plus inquiétant : il n’y avait sur les tribunes des conférence ou des sessions que des membres du PS. Pourtant, le vélo est soluble dans les tendances politiques, preuve en est la politique cyclable volontariste de cette ville, présidée par un maire de droite, ou la disparité d’étiquettes des parlementaires du Club pour le vélo.

Rencontre au sommet avec l’éminent Olivier Razemon (Le Monde)

Nantes, c’était vraiment bien. Vivement Vélo-city à domicile… Encore quelques petits efforts, Lyon !

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