3 mois sans ma voiture : une première expérience au bilan encourageant

Juin 17, 2017

Vélogik lançait à l’automne dernier une expérience inédite de report modal et d’alternative à la dépendance automobile via la promotion du vélo à assistance électrique (VAE) : « 3 mois sans ma voiture ». L’opération, encadrée par Vélogik, était soutenue par la CNR, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, l’ADEME et les collectivités locales partenaires.

LES OBJECTIFS DE L’EXPÉRIENCE

Vélogik a mis un VAE à disposition de 70 volontaires, sur six territoires différents – dont deux métropoles (Grenoble et Clermont-Ferrand) et quatre communautés de communes situées le long de la véloroute ViaRhôna – pendant trois mois. A notre connaissance, une telle expérience dans des zones périurbaines voire rurales n’avait jamais eu lieu et c’était l’un des intérêts de la démarche, la progression de l’usage vélo n’étant souvent envisagé que dans les grandes agglomérations. Là où l’environnement paraît le plus favorable, si tant est que le trafic est modéré et que les aménagements progressent.

Les participants surtout « autosolistes » se sont lancés un défi personnel : s’engager à laisser autant que possible la voiture au garage pour se familiariser avec ce nouveau véhicule et l’envisager comme alternative à leurs déplacements quotidiens, pour le travail, l’école, les loisirs, les achats… La durée de trois mois avait été choisie pour permettre aux participants de prendre le temps de découvrir le VAE, se préparer psychologiquement mais aussi matériellement à changer leurs habitudes de comportement. Pour une fois, pas de covoiturage, d’autopartage, ni de trottinette en vue : l’opération souhaitait montrer combien le vélo, et en particulier à assistance, constitue un mode alternatif à la voiture qui peut se suffire à lui-même. Outre les opportunités d’intermodalité, le champ des possibilités du VAE, compétitif, rapide, flexible, économique et écologique est encore très sous-estimé, alors qu’il est le moyen le plus pertinent pour la plupart des déplacements compris entre 1 et 10 km.

Vélogik a croulé sous les candidatures : près de 150 candidats nous ont écrit pour moins d’une centaine de places. Dans le détail, une première rencontre a été organisée pour chaque territoire, durant laquelle le VAE a été présenté et les premiers conseils d’usage et de sécurité prodigués aux « recrutés ». Chaque VAE était accompagné d’une sacoche étanche, d’un antivol, d’un casque et, bien sûr, d’un chargeur ! Un rendez-vous intermédiaire était programmé pour les aider à progresser, faire le point sur leur usage du vélo, assurer l’entretien et partager leur expérience. À la fin des 3 mois, la plupart des volontaires ont acquis les bons réflexes pour rester en selle sur le long terme, maîtriser leur conduite dans leur environnement et planifier leurs trajets. Une offre avantageuse leur a d’ailleurs été proposée s’ils souhaitaient continuer à utiliser un vélo électrique après l’expérimentation.

L’idée ne s’arrête pas à la mise en place d’une flotte de vélos et de ce test puisque notre équipe accompagne tout du long les usagers dans leur changement de comportement en les conseillant sur leurs itinéraires, sur l’utilisation du vélo, sur les consignes de sécurité. Une application smartphone leur permet de vérifier la qualité de l’air, leur dépense énergétique, leur exposition à la pollution durant les déplacements, un suivi du temps et des distances parcourues. C’est l’occasion d’expliquer aussi les bénéfices sur la santé et d’informer sur les enjeux environnementaux. L’objectif final est de convertir de manière durable les testeurs vers un mode de déplacement plus écologique. Vélogik s’appuie sur son expertise de la mobilité cyclable pour mieux étudier le déclic de cette prise de conscience.

CE QU’EN ONT PENSÉ LES TESTEURS

Pour cette opération, Vélogik s’est attaché à trouver sur tous les territoires concernés des personnes de différents âges, de différentes professions et à les suivre personnellement sur la durée de l’expérimentation. Quelques semaines après sa fin, l’heure est venue de tirer le bilan. Les participants ont-ils adopté durablement de nouvelles habitudes ? Est-ce que la solution du VAE les a convaincus ? Pour tirer des enseignements, un questionnaire en ligne a été communiqué à la fin de l’opération afin de recueillir les données quantitatives et qualitatives de l’expérimentation, d’identifier les opportunités et les blocages d’un tel service, d’ouvrir l’horizon pour structurer à plus long terme la mobilité alternative au sein de la collectivité. Cette analyse a été présentée aux testeurs mais aussi aux élus des territoires.

Des 70 participants, peu avaient déjà auparavant essayé un VAE, et la majorité avouaient une pratique occasionnelle du vélo, plutôt pour les loisirs. La voiture était chez eux très majoritaire pour les déplacements domicile-travail. Après le test de trois mois, un premier résultat est frappant : 4 testeurs sur 10 ont abandonné leur voiture au profit du VAE. 4 autres ont privilégié le VAE par rapport au vélo traditionnel, 2 personnes sur 10 le VAE à la marche. 4 personnes sur 10 ont utilisé ce VAE pour les déplacements domicile-travail, 4 autres plutôt pour les loisirs, et 2 personnes sur 10 ont eu une utilisation complète (travail, courses et loisirs).

Les bénéfices du VAE se mesurent aussi au nombre des kilomètres parcourus : 4 personnes sur 10 ont réalisé des distances moyennes inférieures à 5 km, 4 autres ont parcouru des distances comprises entre 5 et 10 km, et même 2 sur 10 des distances supérieures à 10 km. Au final, 4 personnes sur 10 souhaitent moins utiliser leur voiture, 4 autres souhaitent acheter un VAE, et seules 2 personnes répondent que l’expérience n’aura aucune incidence sur leur comportements dans un proche avenir. Ces chiffres font état d’un très fort potentiel de report modal, déjà mis en lumière par une récente étude de l’ADEME sur les services vélos.

L’un des VAE de « 3 mois sans ma voiture », utilisé à Clermont-Ferrand.

Les atouts du VAE sont très nettement apparus aux yeux des usagers, qui ont été confrontés à peu de difficultés concernant l’utilisation de leur vélo. 9 personnes sur 10 ont d’ailleurs fait essayer leur vélo à des proches durant l’expérimentation. Lorsqu’on les interroge sur les dispositifs existants ou envisageables de promotion de ce mode, 90 % souhaiteraient bénéficier d’une aide à l’achat de VAE de la part de leur commune, 70% ne connaissaient par l’Indemnité kilométrique vélo et tous souhaiteraient que leur lieu d’emploi la mette en place. Une demande très forte de pistes cyclables, de signalétique et de stationnement sécurisé ressortent aussi de l’enquête, rappelant que la cyclabilité ambiante n’est pas à la hauteur des espérances. Les services vélos sont globalement jugés pas du tout, peu ou moyennement satisfaisants par 80% des personnes interrogées.

Enfin, au niveau des remarques générales, des participants ont suggéré de « choisir une saison plus agréable côté climat », si l’expérience était répétée, pour avoir « un peu plus de chaleur » ! A part cela, la plupart des retours ont été très positifs : certains n’avaient « pas hâte que cela se termine » ! « L’aventure VAE » a suscité beaucoup d’enthousiasme, par exemple chez Olivier :  « Je n’arrive plus au travail en sueur. C’est lorsque il y a du vent que j’apprécie beaucoup l’assistance. Je ne suis pas obligé d’appuyer sur les pédales comme un fou, c’est vraiment un plus. Je gère mon autonomie ; souvent, je roule batterie éteinte puis, lorsqu’il y a des bourrasques de vent ou une montée, j’enclenche l’assistance. Avant cette expérience j’envisageais d’acheter un VAE mais avec l’essai longue durée de ce VAE c’est certain que je vais m’acheter mon VAE ». A chacun se manière de se (re)mettre en selle, un peu, beaucoup, à la folie… « Plus de 100 km au compteur et une vie qui a changé ! » s’étonne ainsi Virginie, une autre utilisatrice grenobloise, qui a cependant fait la seule victime de l’opération : « Parfois ça va presque trop vite ! Je me suis même pris un pigeon, le pauvre… » Sur l’échelle des désagréments causés par le secteur des transports, ça reste tout de même moins grave que la pollution aux particules fines.

Remise des VAE « 3 mois sans ma voiture » à huit testeurs en mars 2017, devant l’agence Métrovélo à Grenoble.

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