Pour favoriser la pratique du vélo, nous parlons beaucoup d’aménagement cyclable. L’objectif du plan vélo présenté en septembre 2018 : atteindre 9% de déplacement à vélo au quotidien. Nous évoquons les « autoroutes à vélo » et les politiques d’incitation. Un point est moins évoqué et nous semble primordial : la problématique du stationnement vélo.
Le vol, un frein à l’augmentation de la pratique cyclable
Trente secondes, c’est le temps moyen pour dérober un vélo sur la voie publique, 1369 vélos par jour sont volés en France (source).
« Nous développerons l’aménagement de stationnements de vélo sécurisés près des habitations, des entreprises, des centres commerciaux. » s’exprime Édouard Philippe lors de l’annonce du plan vélo. Le plan vélo 2018 demande à la SNCF et aux collectivités locales de construire davantage de stationnements vélo sécurisés. C’est notamment autour des gares qu’il y aura de nouveaux parkings ; bon point pour l’intermodalité ! Lors de la construction d’immeubles de bureau ou d’habitation, l’implantation de solutions cyclables sera également obligatoire. Pour les bâtiments professionnels, les espaces de stationnement devront permettre d’accueillir au moins 15% des salariés. C’est positif, mais non suffisant.
La majorité des déplacements ou des besoins de mobilité cyclable sont dans les cœurs urbains et proches banlieues. Il devient évident que le stationnement doit y prendre sa place. L’installation d’arceaux — solution mise en avant dans de nombreuses villes – ne répond pas réellement au besoin de sécurisation. L’avènement du vélo électrique touche des publics plus large grâce à l’électrification et l’évolution technologique du vélo. Le stationnement de proximité en cœur urbain doit prendre d’autres formes pour répondre au besoin.
L’exemple de Grenoble : une offre de stationnement diversifiée
En 2016, Grenoble lance ses parcs à vélo. La nouvelle fait le Tour de France et met en avant une ambition forte de sécurisation de l’objet vélo. Deux ans plus tard, les 1200 places en gare sont utilisées, mais le besoin n’est pas uniquement là. En 2018, la Métropole de Grenoble innove et propose les minibox.
Le principe est simple et part d’un constat limpide. Des cœurs urbains denses, des espaces de voiries contraints, une demande de mobilité cyclable en développement, des logements plus petits… Dans ce contexte, comment mettre son vélo électrique en sureté quand on habite en plein cœur de Grenoble ? Grâce à un stationnement de proximité et sécurisé : La minibox. Cette structure légère prend la place d’un stationnement voiture et accueille 4 à 5 usagers. À travers cette plateforme ouverte au public, les usagers déposent leur vélo dans un stationnement sécurisé. À la suite de ces demandes et de la faisabilité urbaine, 8 à 10 minibox seront déployées, début 2019.
Ne pas oublier le stationnement du vélo partagé
Nous évoquons les besoins de sureté du vélo individuel, mais qu’en est-il du vélo partagé en location longue durée ou même celui du free-floating ? L’espace alloué à son stationnement n’est pas suffisant, créant des conflits d’usage sur la voirie. Des conflits avec les piétons, entre les cyclistes eux-mêmes et surtout un conflit de juste partage de l’espace de stationnement avec la voiture.
Dans une optique de faire évoluer la part modale du vélo de manière globale sur une métropole, les élus doivent aussi prendre en considération les usagers ponctuels : ceux des flottes de vélos partagés. Les vélos en free floating, ou VLS sans borne présentent des avantages complémentaires des autres modalités, dont il serait intéressant de ne pas se priver : ils rendent l’usage du vélo pertinent y compris sur des trajets très courts, en offrant un maillage de la ville en espaces de stationnement beaucoup plus fins, et donc plus proches des lieux de départ et de destination des usagers, que les systèmes avec bornes.
Repenser le partage de l’espace public pour une mobilité agile
Il y a un nouvel âge à ouvrir sur la base d’analyses fines des usages et de leurs ressorts sociaux. Les zones sont de plus en plus partagées avec la généralisation des voies bus et vélo, l’apparition des trottinettes et mono-roues électriques sur les trottoirs et pistes cyclables, l’arrivée de petits véhicules autonomes de livraison… Il paraît donc essentiel d’augmenter les zones de parkings pour vélos dans les interstices de l’espace public sous-utilisés et hors flux. Travailler à la signalisation et l’identification de ces zones et tester de nouvelles formes de mobiliers ou de services est également essentiel. Par ailleurs, en augmentant les places de stationnement vélo Free floating ou VLS sans borne, on crée des espaces appropriés aux vélos de particuliers (au contraire d’une place VLS, qui ne peut être utilisée… que par un VLS ) !
Dans un contexte environnemental, sanitaire et social qui impose de ne pas se contenter d’une croissance molle pour les mobilités douces, il est fondamental d’identifier et de travailler à lever les freins aux usages du vélo. Le stationnement est une partie de la solution. De nombreuses solutions de parking vélos existent, il s’agit maintenant de les généraliser. Et de ne pas oublier que comme les vélos, ces infrastructures devront être maintenues et entretenues pour offrir un service fiable et sécurisé.