Oui à une filière vélo forte !

Fév 17, 2022

Trop longtemps considéré comme un loisir, le vélo est enfin valorisé comme une filière transport à part entière. En témoigne le rapport parlementaire du député Guillaume Gouffier-Cha qui énonce dix mesures phares pour faire du vélo une véritable opportunité économique.

Par Vincent Monatte, Directeur Général du groupe Vélogik et Vice-Président de CARA, en charge de la filière Active Mobility.

Sport, loisir ou moyen de déplacement… Le potentiel économique du cycle passait jusque-là inaperçu. Seules les questions autour de la pratique comptaient. La présentation du rapport de la mission parlementaire vélo est donc une excellente nouvelle pour la filière. Enfin, les regards se braquent sur toute la chaîne de valeur de l’économie du cycle. Il était temps !

Ce coup de projecteur étatique et médiatique est essentiel : notre écosystème est principalement constitué de TPE et PME. Ces structures agiles et innovantes manquent de représentativité. Malgré la présence d’acteurs locaux, d’associations et le développement de clusters (notamment CARA), la visibilité du secteur reste encore restreinte.

Des marques françaises déjà reconnues

Pourtant la dynamique sur le terrain est bel et bien présente. Des fabricants majeurs sont installés dans l’hexagone : MFC, Cycleurope… De belles marques françaises sont devenues des icônes à l’image de Mavic, fabricant de roues, Moustache Bikes, spécialiste des vélos électriques ou Victoire, positionné sur les cycles sur-mesure. Le transport de personnes ou de marchandises via des vélos cargos se développe, porté par des acteurs comme AddBike et Douze Cycles. La France a su maintenir un savoir-faire fort et reconnu internationalement sur le segment haut de gamme.

Pour aller plus loin, nous avons aujourd’hui besoin de structurer cette filière et ses acteurs. Ils sont encore trop isolés. Les initiatives ne se diffusent pas, voire se cannibalisent. Nous travaillons chacun dans notre coin sur les mêmes idées, sans toujours nous concerter.

Comment éviter cela et gagner en efficacité pour faire grandir nos entreprises ? En débloquant des fonds bien sûr. Les seules capacités de financement des acteurs ne suffisent pas. Le plan vélo de 400 millions d’euros proposé par le député Guillaume Gouffier-Cha est donc pertinent et semble dimensionné au regard des besoins.

En développant également les liens et des passerelles avec d’autres filières comme celles de l’aéronautique ou de l’automobile qui ont su se structurer et développer des technologies de pointe pouvant bénéficier au secteur du cycle.

Recenser pour former les talents

Première étape : travailler sur la formation et la valorisation de nos métiers. C’est une condition sine qua non de l’essor de notre filière. Et il faut le dire et le répéter : oui, le vélo est un métier qui nécessite des compétences. Et les possibilités sont sans limites. Près de 100 000 emplois pourraient être créés à l’horizon 2050, dans des fonctions techniques, industrielles, supports ou encore commerciales. Ingénieurs, mécaniciens, urbanistes, conseillers cycle… Les débouchés sont variés, attractifs et offrent des possibilités d’évolution rapides. Comme l’ont déjà fait les Pays-Bas, le recensement de ces métiers permet ensuite d’organiser une offre de formation efficace, en lien avec les besoins des acteurs.

Relocaliser une partie de notre industrie vélo

Deuxième urgence : le développement d’une industrie du cycle européenne performante. Il est difficile d’envisager une relocalisation 100% française, la mobilité cyclable doit rester accessible au plus grand nombre. Mais des synergies sont possibles pour réduire notre dépendance à l’Asie. L’essor des vélos électriques nous ouvre de nouvelles opportunités : ces deux-roues sont plus techniques et pourraient laisser apparaître des productions plus «haut de gamme » en France et en Europe, comme cela existe déjà en partie.

Le Portugal a ainsi choisi de croire dans cette industrie du vélo et en a fait un levier de redynamisation de son économie.

La France a une carte à jouer, notamment sur le développement d’une économie du vélo de seconde main. Notre savoir-faire en matière de maintenance, de reconditionnement de batteries, de gestion des déchets et de politiques d’inclusion pourrait permettre de faciliter le marché de la revente.

Au-delà de l’industrie se construit également toute une économie de services (vente, réparation, location de vélos, stationnement…) indispensable à la mise en place d’un système vélo complet qui permettra à la filière cycle de trouver sa juste place dans le secteur de la mobilité.

Alors, place aux décisions concrètes. Nous, acteurs de la filière cycle, sommes dans les starting blocks, prêts à franchir tous les cols pour faire grandir -et grossir- nos belles PME, au service de l’emploi et des sourires.

La tenue prochaine de l’Alliance du vélo est une excellente nouvelle. Nous l’attendons avec impatience, et le groupe Vélogik sera ravi d’être au départ de cette première étape.

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