TRIBUNE : La maladie ou « Le mal a dit »

Avr 7, 2020

Plus de 3 semaines que je n’ai plus fait de virée à vélo… Atteint sévèrement par le virus de la petite reine et des échappées au long cours, je ne pensais pas possible un tel scénario de film catastrophe. Et pourtant, chaque matin à l’aube, le cauchemar continue inlassablement..  Cependant, je n’ai pas le droit de me plaindre face à la réalité des bilans macabres quotidiens. Qui pouvait prévoir cela ? Le visionnaire Bill Gates ? Les collapsologues les plus pessimistes ? Les scientifiques que nous n’écoutons certainement pas suffisamment ?

Devant cette hécatombe, notre personnel soignant, pourtant mal loti, est héroïque et fait preuve d’un courage hors norme. De même, les éboueur.ses, caissièr.es, livreur.ses et autres personnels qui prennent des risques chaque jour pour nous permettre de garder un quotidien acceptable. Je pense à eux, aux victimes et à leur entourage, à ma famille, à mes proches, à mes collaborateurs, à mon entreprise.

Sauver l’entreprise et préserver mes salarié.es est mon obsession. Vélogik a limité dès le 16/03 ses activités, aux seuls cas d’urgence, et pour venir en aide au personnel soignant qui utilise quotidiennement le vélo pour se rendre au travail et sauver des vies. Même si Vélogik résistera à cette crise, elle gardera les stigmates de cet arrêt brutal sans précédent, mais s’efforcera de convertir le négatif en positif.

Force est de constater que l’enrayement de notre monde, de notre machine infernale, nous amène aussi à nous interroger, à nous remettre en question. Nos avions et nos voitures sont parqués et confinés comme nous ; la qualité de l’air n’a jamais été aussi bonne que ces derniers jours. La nature regagne du terrain, nous sortons enfin, timidement, de notre déni.

L’heure n’est pas à s’accabler et à s’accuser les uns les autres, mais de prendre conscience collectivement que cet événement est porteur de messages forts qui doivent nous aider à adapter notre modèle, à nous réinventer. Relocaliser, former, éduquer, préserver, modérer, maîtriser. Autant de bénéfices pour la planète que pour notre santé. L’heure a sonné de devenir responsable, de revivre des hivers rigoureux, de retrouver de l’humilité. Il ne suffira pas de laisser passer cette crise et de  commettre à nouveau les mêmes erreurs. Il ne s’agit pas d’une pause mais bien d’un virage à prendre durablement pour que notre monde devienne plus soutenable. Ou le confinement risque d’être notre quotidien plus que quelques semaines.

Le pangolin a bon dos. L’économie responsable et moderne ne doit plus être au service du greenwashing ou du profit à outrance. Demain nous devrons prendre collégialement des décisions et les assumer. Vélogik en prendra. Le vélo est plus que jamais un outil pour décarboner, décongestionner nos villes, lutter contre le réchauffement et le dérèglement (qui lui n’est pas en pause), et je le souhaite relocaliser de l’emploi et du savoir-faire.

Nous allons démultiplier nos efforts pour bâtir notre Campus Vélogik, perfectionner nos métiers de la maintenance de flottes de vélos, afin de garantir la durabilité et la sécurité des parcs en France et en Europe, et d’encourager in fine toujours plus de citoyens à adopter le vélo. C’est le personnel soignant de vos montures que nous allons continuer à recruter, former et mettre à votre service, nous devons miser sur eux. Le Campus a pour objectif de fédérer et tisser un trait d’union entre les organismes d’insertion et les entreprises du cycle et de la mobilité. Il apporte un sens commun vers une relocalisation de nos emplois et le développement d’un savoir-faire artisanal français.

Nous sommes bien conscients qu’il ne s’agit là que d’un maillon d’une chaîne vertueuse, mais c’est l’association des actions de chacun d’entre nous qui nous remettra en selle. La concurrence à outrance et acharnée doit laisser place à la solidarité, à la mutualisation des efforts, à l’intelligence commune et à la coopération.

Notre détermination est intacte, plus grande même, et nous gardons espoir de vivre demain ensemble dans un monde sain et raisonnable.

Franck Brédy, président de Vélogik

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